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3 pièces de canon de campagne[1] ; mais quand il sut que Lawrence avait quitté Trichinopoly, il pensa qu’ils seraient mieux employés à surveiller ses mouvements et les mit à la disposition de Maissin qui continuait à Vredachalam d’observer l’arrière-pays. Quelques jours après, II lui donna encore 258 blancs et 50 matelots, avec plusieurs officiers. Mais au fond Dupleix, pas plus qu’Astruc, ne connaissait rien des intentions ni des manœuvres réelles de Lawrence. Aussi, dans l’incertitude, donnait-il des ordres ou des instructions en apparence contradictoires. Tantôt il conseillait à Astruc de poursuivre Mahamet Ali ou de profiter de son départ pour tenter un assaut contre Trichinopoly ; et tantôt il prescrivait à Maissin et aux Marates dépasser le Coléron, ce mouvement devant être appuyé de chelingues qui remonteraient la rivière aussi loin qu’elles le pourraient. Mais voici que, brusquement, tout se trouva remis en question.

Nandi Raja continuait à ne rien payer. Les menaces de Dupleix, non suivies d’effet, lui avaient appris ou qu’elles n’étaient pas sincères ou que volontairement elles resteraient sans effet. Aussi avait-il pris l’habitude de les écouter avec respect mais de n’en tenir aucun compte. En les réitérant sans les faire suivre d’aucune sanction, Dupleix avait peu à peu usé son autorité. Aussi vint-il un jour où, pour la rétablir, il fallut en arriver aux moyens extrêmes. Fatigué de n’obtenir que de bonnes paroles et

  1. La question si importante de nos effectifs est un problème difficile à élucider. Les chiffres concordent rarement. Voici par exemple une lettre du 17 juillet de Dupleix à Astruc, où l’on relève entre les chiffres de l’un et ceux de l’autre un écart de 100 unités sur 732. « Vous aviez à la fin de mai 332 blancs ; je vous en ai fait passer depuis 400, ce qui fait 732, que vous réduisez à 440. La différence est un peu trop forte, quand même je vous passerais les 150 malades ou blessés [à l’hôpital de Sriringam] et les 40 morts ou désertés. Il en manquerait au moins 100. »