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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/44

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forme plus ou moins détournée. Témoin ces deux lettres, l’une à Maissin (11 oct. 1753) et l’autre à Mainville (27 février 1754) :

« Je n’ai d’autres politique et causes d’intérêt que ceux de la nation et la gloire du roi ; ils sont assez puissants sur moi pour me donner la plus grande fermeté dans les occasions les plus critiques et tant que j’aurai une goutte de sang dans les veines, je ne les sacrifierai pas à un intérêt qui n’aurait que moi pour principe. »

« Les affaires qui se passent ici et ailleurs ne sont pas les miennes ; je vous prie de ne les point regarder comme telles, elles sont celles du roi et de la nation, je n’en ai que la peine et peut-être toute la perte sera-t-elle pour moi. Ne pensez donc point du tout à moi ; je n’y suis pour rien et je n’en veux rien. Il y a longtemps que je pense de même ; mes comptes en font foi. Je ne demande de vous que ce que vous devez au roi et à votre nation ; ce doit être là notre seul point de vue. »

Rien ne prouve au surplus que les ordres militaires que put donner Dupleix fussent les meilleurs ; il aimait assez à faire des plans de campagne et l’insuccès des différents sièges qu’il entreprit : Trichinopoly, Arcate, Tirnoumalé, ne prouve pas en faveur de son infaillibilité. Il faudrait un écrivain purement militaire, versé dans la stratégie et connaissant l’Inde, pour apprécier très exactement si ses diverses instructions, notamment pour l’investissement de Trichinopoly, correspondaient réellement aux mouvements à effectuer. Toutefois, comme les commandants de ses armées étaient libres, le cas échéant, de substituer leur initiative à la sienne, c’est à eux non moins qu’à lui-même que revient la responsabilité de l’insuccès. Si l’un put se tromper dans ses conceptions, tous les autres, cela n’est pas douteux, se montrèrent fort inférieurs dans l’exécution.