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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/133

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dans un jardin où tranquillement ils arborèrent le drapeau britannique, en disant aux habitants que l’île leur appartenait depuis quarante ans et qu’un gros navire les appuyait à l’entrée de la rivière. De la Selle fit aussitôt défense aux Indiens de les reconnaître et de leur fournir des vivres et même de l’eau ; il prévint en même temps Friell de ce qui se passait.

Celui-ci ordonna de les faire rembarquer immédiatement sous peine d’arrestation et à tout hasard il envoya à Divy 50 hommes de renfort, 4 canons et des munitions sous la conduite de Coquet. Lorsqu’ils arrivèrent, de la Selle avait déjà fait arrêter les deux Anglais. Coquet les ramena à Mazulipatam avec leurs bagages (5 mars). Hopkins, chef de cette petite mission, demanda alors à arborer le pavillon britannique sur leur loge, une vieille masure abandonnée depuis huit à dix ans, dont l’enclos était en ruines et qui n’était plus gardée que par deux pions. En l’évacuant, Halyburton, le commandant de cette époque, avait tout emporté jusqu’au mât de pavillon pour en faire la loge nouvelle de Madapolam, à Narzapour. Friell refusa ; il traita d’ailleurs les Anglais avec politesse, leur offrit le champagne et l’on but à la santé de Dupleix et à celle de Saunders au bruit de 21 coups de canon. Le lendemain, les Anglais repartirent pour Madapolam.

Cet incident vite et aisément réglé n’en prouva pas moins à Friell la nécessité de ne pas laisser plus longtemps en souffrance les droits que nous tenions de Muzaffer j. Aussi Salabet j. nous ayant cédé sur ces entrefaites le territoire de Nizampatnam et les terres de Gondour, Acclamanar et Narzapour, s’empressa-t-il de les occuper. Il envoya Panon à Narzapour pour prévenir toute action que les Anglais et les Hollandais pourraient tenter contre nous,