Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/142

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donna pas une entière satisfaction ; il eut voulu obtenir la possession effective de la province, et ne cessa d’importuner Bussy pour qu’il l’obtint. Celui-ci préféra acquérir les quatre circars.

Cependant Moracin s’était attaché avec une réelle passion et, semble-t-il, avec un désintéressement sincère à l’administration de sa province. Le 9 janvier 1753, il rédigea un mémoire qui ravit tellement Dupleix qu’il s’empressa de l’envoyer à la Compagnie, au garde des sceaux, à Montaran, à Silhouette et à son neveu. D’après Moracin les revenus suffisaient à payer nos dépenses courantes, tout en laissant des disponibilités pour le commerce. On n’obtiendrait toutefois ce résultat, qu’en ayant assez de monde pour tenir le pays, sans quoi les contributions ne rentreraient pas et que faire sans argent[1] ? Jaffer Ali et

  1. Ce mémoire se divisait en trois parties : revenus, commerce, dépenses.

    Revenus. — Les revenus, expliquait Moracin, sont de trois sortes : récoltes, sels et droits.

    En ce qui concerne les récoltes, Devracotta et Condavir sont plus propres aux menus grains qui ont moins besoin d’eau. Divy et Nizampatnam produisent également des menus grains, mais avec des irrigations, la culture du riz s’y développerait parfaitement. Les terres n’ont pas donné jusqu’ici tout ce qu’elles pouvaient, à cause de la mauvaise administration et des exactions des faussedars, des paliagars, des gemidars et des écrivains. On a commencé à mettre tous ces gens hors d’état de nuire, lorsque l’agitation aura disparu, la prospérité renaîtra complètement.

    On doit retirer 250.000 rs. de sels. Toute la production de l’année 1752 a été enlevée en quinze jours, soit par mer, soit par des marchands venus de l’intérieur. On n’a pu subvenir aux besoins de tous les consommateurs.

    Les droits sont les douanes établies à Mazulipatam et à Narzapour. Les Européens et marchands maures paient 3 %, les gentils 5 %. — Les autres droits sont le saire, droit de transit sur les passages les plus fréquentés : il y en a deux, à Inegoudour, qui est aux portes de Mazulipatam et à Gondour, sur le chemin de Golconde. Il y a en outre le droit de montraffa, espèce d’impôt de capitation.

    Commerce. — Mazulipatam, autrefois la ville la plus importante de la côte, doit se relever. Dans l’intérieur, on consomme des draps,