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sons que lui opposèrent toujours avec une déférence marquée ceux qu’il voulait convaincre et qu’il ne persuada pas et nous assisterons ainsi au heurt de deux systèmes où l’on sera étonné de trouver beaucoup moins de passion et beaucoup plus de logique et de bon sens qu’on se l’imagine. Le débat ne diminue pas Dupleix mais il ne tourne pas non plus à la confusion de la Compagnie.

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La politique de Dupleix repose, comme on le sait, sur le principe que la Compagnie ne pouvant faire du commerce dans l’Inde qu’avec des capitaux importés de France, et ces capitaux venant parfois à manquer ou étant insuffisants, il n’y avait qu’un moyen de parer à cet inconvénient, c’était de posséder dans la péninsule elle-même un territoire assez étendu pour en tirer un revenu fixe et constant qui permît de se passer du concours de la métropole.

La guerre de 1746 à 1748 avait fait sentir à Dupleix les incommodités et même les dangers de compter exclusivement sur la Compagnie ; quelques efforts qu’elle eut alors faits pour lui envoyer de l’argent et des vaisseaux, ces secours n’arrivèrent pas ou arrivèrent trop tard ; les retards eux-mêmes augmentèrent la défiance des populations qui nous refusa tout crédit. On se trouva à la veille de faire faillite ; les employés et même les officiers tenaient des propos plus fâcheux les uns que les autres et l’on entendait dire couramment : pas d’argent, pas de Suisses[1] ! Pour consolider ou relever la situation difficile où se trouva Pondichéry, Dupleix dut engager une partie de ses fonds personnels : lui seul eut tout le poids de la défense.

  1. V. Mémoire du 16 octobre 1753.