Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/210

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nouvelles concessions. C’en était assez pour que l’idée d’un revenu fixe servant aussi à alimenter le commerce naquit spontanément. En écrivant à la Compagnie le 25 janvier 1750 qu’avec nos nouvelles ressources, « c’était autant de plus dans les envois », Dupleix laissait clairement entendre que le commerce allait prendre de nouveaux accroissements. Toutefois l’idée d’un revenu fixe, constant et abondant, tel qu’il le développa comme une sorte de dogme en son fameux mémoire du 16 octobre 1753, n’est pas encore assez précise en son esprit pour qu’il la formule expressément ; elle est subordonnée à ses succès militaires et à la consolidation des résultats acquis ; or, en février 1750, nous en sommes encore au siège de Tanjore qui retient nos forces depuis près de trois mois et Trichinopoly respire librement. « J’eusse été blâmable, écrit Dupleix dans le mémoire en question, de ne point profiter des occasions qui se sont présentées, étant convaincu comme je le suis qu’il est absolument nécessaire que notre compagnie ait un revenu qui puisse l’indemniser des frais immenses qu’elle a faits et qu’elle a encore à faire… » Mais est-il certain que cette conviction qu’il exprime en 1753, il l’ait eue au même degré en 1749 ? Il est permis d’en douter. Les voix intérieures qui lui parlaient étaient encore confuses ; sa correspondance le prouve. C’est ainsi qu’à l’embouchure d’un fleuve on ne distingue pas très exactement où finissent ses eaux et où commencent celles de la mer.

La transition fut de courte durée. L’année 1750 fut pour nous une année heureuse ; le 12 septembre, Bussy s’empara de Gingy et Nazer j. fut tué le 16 décembre. Quelques jours après la prise de Gingy, le 3 octobre, Dupleix écrivait une longue lettre à la Compagnie où il lui confirmait ses premières impressions au sujet des