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Les réflexions de Gilly. — Gilly était directeur de la Compagnie depuis 1749. Aucun document ne nous permet de dire quels étaient ses sentiments à l’égard de Dupleix avant 1753. À ce moment, soit qu’elles aient été provoquées, soit qu’il les ait spontanément exprimées, Gilly présenta certaines observations sur notre politique dans l’Inde. Bien qu’on n’en connaisse pas la date exacte, on peut les placer vers le milieu de l’année : Gilly invoque en effet à un certain moment le témoignage de d’Auteuil et d’Amat qui, partis de Pondichéry en novembre 1752, arrivèrent à Paris le 18 juin 1753. Les réflexions de Gilly sont d’ailleurs assez courtes.

« Sans vouloir, dit-il, blâmer ni disculper la conduite du gouverneur de Pondichéry, il semble que ce gouverneur a donné lieu de faire l’un et l’autre ; car si d’un côté il a engagé la Compagnie dans une suite de projets dont l’événement était extrêmement dangereux, ces projets ayant été approuvés pendant trois années consécutives, il paraît difficile de lui en faire un crime, surtout si on considère que les premiers reproches qu’on lui a faits portaient sur la modicité de ses envois à la Compagnie et qu’il s’est mis à l’abri de ces reproches par l’envoi du Centaure et du Bristol qu’il annonce devoir être suivis par le vaisseau l’Anson et peut-être par une quatrième cargaison que lui, le conseil et les sieurs d’Auteuil et Amat disent être prête.

« Si on reproche au gouverneur de Pondichéry sa réticence à déguiser les événements à la Compagnie et à lui dissimuler les mauvais succès, il pourra s’en défendre sur la confiance qu’il avait dans ses ressources pour y obvier.

« Si enfin on lui fait un crime de n’avoir pas déféré aux premiers ordres de faire la paix, il répondra que la paix était désirée dans l’hypothèse qu’elle assurerait à la Compagnie la jouissance paisible des avantages obtenus par la guerre et que cette jouissance ne pouvait être exigée dans l’état des choses ; on ne pouvait pas parvenir à la paix sans sacrifier les avantages que