Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/3

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merçants européens et nos soldats n’y livrèrent pas plus de deux ou trois batailles ou combats dignes de ce nom. Ce qui fait l’originalité des affaires du Décan, c’est que, devenus maîtres des destinées de ce pays par un coup de surprise, nous y restâmes pendant sept ans avec des effectifs réduits, maintenant uniquement notre prestige ou notre autorité par une politique attentive et clairvoyante, à la fois insinuante et rigide, conciliante et autoritaire, respectueuse des coutumes des Indiens et sachant accorder notre esprit à leur tempérament. Ce fut le triomphe de la vertu, si l’on entend par ce mot l’ensemble des qualités de tact, de prudence et de mesure qui font un bon gouvernement. L’homme qui pratiqua cette politique, Bussy, n’était cependant ni un diplomate ni un administrateur de profession ; c’était un simple capitaine plus habitué à donner des ordres qu’à souffrir la discussion ; mais il comprit dès le premier jour que, pour commander, le bon sens et la raison valent souvent mieux que l’autorité mal comprise, et, comme il était étranger à toute idéologie et ennemi de toute chimère, il ne trouva dans cette voie que bonheur, succès et prospérité. La France lui doit un beau chapitre d’histoire et Dupleix la meilleure partie de sa gloire.


Bussy n’avait pas encore fourni une longue carrière, lorsqu’il fut envoyé dans le Décan. Né en 1718, pourvu en 1734 d’une compagnie d’infanterie qui fut réformée deux ans plus tard, arrivé dans l’Inde vers 1742, il avait pris part au siège de Madras et s’était distingué à celui de Pondichéry. Il avait ensuite servi dans le Carnatic contre Anaverdi kh., le raja de Tanjore et Mahamet Ali. Lorsqu’il s’était agi de prendre Gingy, c’était à lui que Dupleix s’était adressé. Puis étaient venus la défaite et