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À propos de l’établissement au Pégou, on lui faisait observer que rien dans les lettres de la Compagnie des 30 septembre 1750, 28 décembre 1751 et 25 septembre 1753 ne l’autorisait à croire qu’il put « donner ou promettre aucun secours ni en hommes ni en munitions de guerre et encore moins à vous emparer de la rivière de Siriam.

« Nous n’avons en aucune façon approuvé que vous vous rendiez de force ou de bon gré maître exclusivement du commerce du Pégou ni que vous entriez dans le pays parce qu’il était ouvert au premier qui s’y présenterait ou parce que l’usurpateur n’y a aucun droit ; c’était, disiez-vous, dans ces occasions que le plus fort l’emporte, sauf à faire, quand on est en possession, son traité avec l’usurpateur ou avec le souverain légitime.

« De pareilles maximes sont bien éloignées de nos principes et nous voyons avec une vraie peine que c’est là précisément le même esprit de la proposition que vous nous aviez ci-devant fait de conquérir le Tanjore, parce que les revenus de ce royaume sont considérables.

« Vous nous dites par votre dernière que le sieur Bruno ayant été bien reçu du roi et de son frère, il y avait lieu de croire que l’on pourra terminer à l’amiable avec les Pégouans. Que devons-nous conclure de cette façon de vous exprimer ? sinon qu’au cas que le sieur Bruno n’eût pas trouvé certaines facilités dans sa négociation, vous vous réserviez la faculté d’entrer au Pégou de vive force.

« Vous ne nous avez point envoyé de copie des instructions que vous lui aviez données, et outre que par cette omission vous semblez vous soustraire au compte exact que vous devez rendre à la Compagnie, ne nous mettez-vous pas dans le cas d’en porter le même jugement, lorsque nous voyons que le sieur Bruno finit son journal par dire qu’il a examiné les forces du pays, qu’il s’est informé de la disposition des peuples et