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mais ils nous craignent… Ce qu’il y a de vrai c’est qu’ils nous élèvent tous ainsi que la nation au plus haut point de gloire… Tout ce que je puis vous dire c’est que vous soyez tranquille. Je connais parfaitement cette race ; je suis en état de la gouverner et nous avons été bien longtemps la dupe (j’entends la nation) des dehors de celle-ci…

« Je veux, Monsieur, me faire une réputation qui réponde à celle de quelqu’un de ma famille[1] ; je veux illustrer à jamais la nation et lui procurer des biens immenses ; c’est de vous dont elle tire et gloire et avantages, mais du moins je veux être l’instrument qui vous aura servi. Comptez sur moi comme sur votre propre fils…

« Je finirai celle-ci (cette lettre) par vous prier d’être tranquille sur les événements de cette partie. Je profiterai de tout tant pour la gloire du roi que dans l’intérêt de la nation. J’ai plus de choses dans la tête que je ne puis vous en écrire ; j’ai toujours présent tout ce que vous me recommandez dans vos lettres ; ainsi, je vous prie encore d’être tranquille et si tout ici me procure des avancements et des grades, je veux que ce soit à bon titre et que vous ayez par mes services de fortes pièces pour travailler à mon élévation. »

Cependant l’armée continuait sa marche avec une prudente lenteur. Elle passa par Ahmednagar, où Bussy ordonna de laisser les bagages inutiles[2].

La guerre n’était pas encore déclarée ; elle ne le fut que le 23 novembre, à la suite d’une réunion solennelle du durbar. La veille, le soubab avait eu un entretien de

  1. Nous ne savons à quel membre de sa famille Bussy fait ici allusion ; dans une lettre à Machault, du 15 septembre 1751, il disait : « Mon nom vous sera connu et si mes ancêtres ont bien servi leur souverain, je ferai ici tous mes efforts pour prouver que je suis leur vrai descendant. » (A. Col. C2 83, p. 22-23).
  2. « Malgré cela, écrit Kerjean, il serait difficile d’exprimer l’attirail, la suite, le peuple de canailles, de faquirs et de bagages qui nous suivaient. »