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§ 7. — Deux opinions particulières sur la politique de Dupleix : Michel et Delaître. (Janvier-fin 1754).

Pendant qu’on agitait ainsi les nouvelles destinées de l’Inde, comme si le nom de Dupleix appartenait déjà au passé, les dangers qui avaient menacé Pondichéry après l’affaire de Sriringam avaient été écartés ; le siège de Trichinopoly avait été repris dans des conditions honorables et, à vrai dire, il n’y aurait rien eu à craindre de la continuation de la guerre si l’intervention des Anglais ne risquait d’avoir en Europe des répercussions fâcheuses. Si Godeheu n’avait été embarqué, il est possible que la Compagnie et même le Ministre eussent suspendu son départ et laissé à Dupleix le soin de tout terminer ; leurs lettres témoignent assez nettement que, tout en condamnant en principe les conquêtes ou acquisitions de Dupleix, nul ne songeait à en faire le sacrifice complet ; les plus modérés envisageaient eux-mêmes un grand développement de territoire autour de Pondichéry et personne ne parlait de faire la paix à tout prix. On se rattacha donc de nouveau à l’espérance qu’avant l’arrivée de Godeheu, Dupleix aurait rétabli la paix sur des bases honorables et également satisfaisantes pour les deux nations et la Compagnie continua de lui écrire comme s’il devait rester dans l’Inde et ne pas cesser de diriger les affaires du pays. On se proposait même de lui tracer une ligne de conduite, notamment en ce qui concerne le Décan. Mais il est possible aussi que tout cela n’ait été qu’une feinte pour égarer l’opinion et l’empêcher de sou-