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cher à la côte : leur entretien annuel dans le Décan est de 24 laks, à la côte il n’en serait plus que de 10 ; soit une économie de 14 laks dont le commerce pourrait bénéficier, sans compter les autres avantages, également d’ordre financier, qui résulteraient de la paix dans le pays et de la sécurité accordée aux laboureurs et aux ouvriers. Delaître estime qu’ainsi l’on ne pourrait pas disposer de moins de six millions de livres pour l’achat des marchandises, et il ne parait pas croire un instant que ces chiffres puissent être exagérés.

Revenant à l’occupation de la côte, Delaitre estime qu’il n’en coûtera guère plus cher pour occuper un territoire étendu, où l’ensemble de nos forces en imposera d’elle-même, que de se restreindre à l’occupation de postes isolés, où il faudra multiplier les efforts et les dépenses. Autant avoir un seul ou deux voisins que d’en avoir plusieurs. Il est plus facile de discuter avec un homme qu’avec une foule. D’autre part dans un vaste territoire homogène, l’excédent de revenus sur les dépenses permettrait à la Compagnie de ne plus demander que peu de fonds en Europe pour des opérations commerciales.

Mais, objectera-t-on, si nous retirons nos troupes d’auprès du soubab, les Anglais rechercheront aussitôt son alliance, et c’est un danger qu’il faut éviter. Delaître ne croît pas à ce danger. Ce qui fera rechercher notre alliance, dit-il, ce sera d’être solidement établis dans de bonnes provinces, d’être riches et bien armés. Et notre armement sera d’autant plus fort qu’il ne sera plus exposé, comme aujourd’hui, à être détruit à l’intérieur par des marches longues et pénibles et même par des révolutions. D’autre part, Delaître n’estime pas que l’alliance du soubab soit d’un grand profit pour nous ; en dehors de la concession des circars elle nous a toujours coûté et jamais rapporté. Le soubab est faible et impuissant ; les titres qu’il a accordés à Dupleix n’ont été d’aucun poids auprès des Anglais et lorsque nous fûmes en péril à Pondichéry, après l’échec de Trichinopoly,