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terminer par un coup de force, le jour où il aurait dans l’Inde les moyens nécessaires pour imposer sa volonté. Les concessions successives de la Compagnie de France ne servirent qu’à lui faciliter la réalisation de ce programme. Ces concessions forment, à vrai dire, le point douloureux du débat. Nous en avons déjà indiqué les causes qui ressortent très nettement de la correspondance de Saint-Contest avec le duc de Mirepoix : outre certaines difficultés d’ordre intérieur avec lesquelles il fallait déjà compter[1], le roi estimait qu’il était impossible de faire valoir nos droits dans l’Inde sans l’envoi d’une flotte d’État qui put s’opposer aux desseins ambitieux de l’Angleterre. Or cette flotte, fort affaiblie par la guerre précédente, était en voie de reconstruction et Louis XV ne crut pas devoir aventurer celle qui lui restait pour la défense ou la conquête d’un empire lointain qui n’apparaissait pas encore à beaucoup de monde comme essentiel à notre honneur, à nos avantages immédiats ni même à nos intérêts dans l’avenir. L’amour exclusif de la guerre n’a jamais inspiré la politique des rois de France.



  1. « L’État souffre dans toutes ses branches, écrivait Dupleix-Bacquencourt à son oncle, le 12 novembre 1753 ; les finances sont épuisées ; tous les corps, l’église, la robe, le militaire, sont divisés ; les principaux ministres sont brouillés ; le roi s’est déclaré ouvertement pour la paix et les inquiétudes qu’elle ne soit troublée sur le moindre point nous détermineraient plutôt à des bassesses. » (B. N. 9147, p. 239-247).