Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/429

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part et d’autre, prouvait déjà que des considérations d’État primaient les sentiments d’amitié.

L’incident clos, Godeheu descendit à terre le soir vers les quatre heures. Il trouva sur le rivage une foule immense qu’attirait la curiosité et, du rivage au fort, toutes les troupes sous les armes. On lui rendit les plus grands honneurs. Dupleix l’attendait avec tout le conseil à la porte du fort qui donne sur la mer. Après les premiers compliments, Godeheu tira Dupleix à part et lui remit un paquet qui contenait trois pièces destinées à établir sans tarder leur situation respective. L’une était l’ordre du roi qui rappelait Dupleix ; la seconde, un état des éclaircissements que demandait Godeheu ; et la troisième, une lettre personnelle du commissaire lui-même comme s’il eût craint de mal s’exprimer de vive voix. Lettre des plus délicates où Godeheu, qui se souvenait de son ancienne amitié pour Dupleix, essayait de couvrir les motifs réels de sa disgrâce par l’apparente nécessité où se trouvait la Compagnie de profiter à Paris des lumières et de l’expérience acquises par son gouverneur. Ce sont des formules à peine rajeunies de nos jours dont personne n’est dupe et Godeheu ne dissimulait pas sa douleur d’avoir à communiquer de tels ordres, mais, suivant les instructions qu’il avait reçues du ministre, il offrit en même temps à Dupleix de masquer lui-même la vérité au public en déclarant que l’arrivée du commissaire lui permettait enfin de réaliser un désir depuis longtemps caressé, et qu’il allait rentrer en France. Mais laissons la parole à Godeheu :

« Comme un rappel semble faire naître des idées défavorables dans l’esprit du public, presque toujours aveugle dans ses jugements, je peux aider aies détruire, en m’accordant avec vous, Monsieur, pour répandre partout que vous prenez