Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/480

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hostilités. Il ne demanda jamais rien à la Compagnie, qui ne peut être mise en cause pour l’avoir laissé dans le dénuement et c’est un point qu’il semble difficile de contester.

La question des hommes est un peu différente. Dupleix en demanda en France, moins pour continuer la guerre que pour consolider les avantages acquis. Si la Compagnie avait été absolue dans ses principes, elle eût désavoué toutes les conquêtes de Dupleix et lui aurait donné l’ordre de les rendre à leurs premiers possesseurs ; mais flattée par le succès de nos armes, elle n’esquissa qu’une timide défense contre les faveurs de la Fortune et accepta de recevoir d’une main ce qu’elle repoussait de l’autre. Ce n’est qu’après l’affaire de Sriringam qu’elle ordonna d’une façon formelle de faire la paix ; encore ne proposa-t-elle pas de tout restituer. Sa responsabilité dans la politique de Dupleix se trouva ainsi engagée, sans cependant l’être d’une façon absolue, car elle ne cessa à aucun moment de recommander qu’on terminât les affaires de l’Inde, au besoin par une transaction. Sous ce régime de responsabilité limitée, la Compagnie n’osant cependant abandonner Dupleix de crainte que, faute de monde, il ne subit un échec irréparable qui compromettrait l’existence de notre colonie, lui envoya chaque année plus de renforts qu’elle n’avait coutume de le faire et l’empêcha ainsi d’être écrasé après l’affaire de Sriringam, mais elle ne lui en donna jamais assez pour lui assurer une supériorité décidée sur ses adversaires ; elle craignait qu’il ne s’en servit pour faire prévaloir les projets qu’il avait fini par lui soumettre d’établissements au Bengale, au Pégou, à Surate et même en Indochine.

Tel fut le résultat du défaut d’une entente initiale