Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/482

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elles eussent été les meilleurs avocats de sa cause. Tout en continuant de prêcher la paix, la Compagnie aurait moins désiré qu’elle se fit et elle aurait vu sans déplaisir l’accroissement de son territoire. Mais, pour l’amener à oublier insensiblement ses traditions, il eût fallu des succès continus dans l’Inde et la sécurité complète en Europe. Or, par suite des événements d’Amérique, on était sous la menace d’une guerre avec l’Angleterre et le roi, qui n’avait pas restauré sa marine, ne la désirait aucunement : en intervenant dans l’Inde, il ne se souciait pas d’ajouter de nouveaux soucis à ceux que lui donnait le Canada. Pour décider la Compagnie à suivre résolument Dupleix, il eût fallu des succès tels que les Anglais eux-mêmes ne pussent les contester et n’eussent aucun moyen de se relever ; surpris, ils auraient sans doute accepté le fait accompli ; eux aussi ne songeaient pas encore à créer un empire dans l’Inde. La prolongation des hostilités leur donna le temps de la réflexion ; de là vint tout le mal. Lorsqu’elle vit qu’au lieu de victoires, c’étaient des défaites répétées et consécutives ; Sriringam, Caveripacom, Chinglepet, Archivac — et nous en passons — et qu’au lieu d’entrer dans la voie des transactions Dupleix s’obstinait dans un optimisme intransigeant, il parut difficile à la Compagnie française de renier ses principes pour courir des aventures. Plutôt que de s’engager à son tour dans une affaire dont elle ne prévoyait pas l’issue, elle préféra rappeler Dupleix qu’elle désespérait de ramener à des idées plus conformes à ses désirs et à ses ordres.

La postérité lui a fait un grief de n’avoir pas mieux soutenu son gouverneur, et très certainement la façon dont elle conduisit les conférences de Londres et se