Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/484

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chute. À moins d’abdication, la Compagnie ne pouvait souscrire à ses projets toujours plus vastes et plus audacieux ; pour tenter l’aventure, il eût fallu qu’il n’y eût en Europe aucune complication à redouter avec l’Angleterre. En ne soutenant pas Dupleix, le roi, les ministres et la Compagnie avaient plus qu’une sorte d’instinct des dangers qui nous menaçaient, avec une flotte impuissante à lutter à parties égales à la fois dans les mers de l’Inde et dans celles d’Amérique : l’événement le prouva.

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À ces causes générales de l’échec de Dupleix, se joignent des causes particulières, nullement négligeables.

D’abord les difficultés financières. En déclarant à la Compagnie que les revenus des provinces suffiraient à couvrir les frais de la guerre. Dupleix s’était condamné d’avance à ne pas lui demander ni argent ni subside et en effet il ne lui demanda jamais rien. Ces revenus eussent été sans doute suffisants, si Chanda S. avait vite triomphé, mais la guerre, en se prolongeant, ruina le pays et souvent fit fuir les habitants. Les contributions rentrèrent mal ou ne rentrèrent pas et Dupleix fut bientôt réduit aux expédients pour entretenir son armée. La régularité des paiements mensuels étant une condition essentielle de la discipline, Dupleix voulut qu’elle fût toujours assurée, et il y parvint sauf de très rares exceptions, mais ce ne fut pas sans de durs sacrifices personnels ; chacun les connaissait et les difficultés sans cesse renouvelées détruisaient au sein des troupes sinon la confiance du moins toute certitude dans l’avenir. On craignait toujours que l’effort donné ne fût un effort perdu. Rien n’était moins propre à entretenir l’entrain et la bonne humeur, qui sont aussi l’une des condi-