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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/67

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Anglais seraient réglées du même coup et cette partie de l’Inde serait la plus tranquille de tout le Décan. Le reste serait livré à une telle anarchie qu’on pouvait prévoir qu’après un certain temps, Gaziuddin désabusé abandonnerait lui-même la place à Salabet j.

Gaziuddin ne tomba pas sous les armes françaises ; il succomba d’une façon plus naturelle dans l’Inde. Secondé par Holkar et Ragogy et bénéficiant de la neutralité de Balagirao, il arriva à Berhampour vers le 20 septembre et quelques jours après il était à Aurengabad. Seyed Lasker kh. entra aussitôt en conférences avec lui, et pour lui inspirer plus de confiance, il imagina de paraître en défaveur à la cour de Salabet j. Espérait-il ainsi surprendre des secrets dont il ferait ensuite son profit ? en fait ses sympathies étaient plutôt acquises à Gaziuddin. Balagirao s’était fait représenter à ces négociations d’où dépendait le sort du Décan ; elles auraient probablement tourné en faveur de Gaziuddin si ce prince n’était mort tout d’un coup victime du plus lâche attentat. Dans un palais d’Aurengabad vivait une des veuves de Nizam oul Moulk, la mère de Nizam Ali. Cette princesse désirait assurer le trône à son fils. Un jour — vers le 25 octobre — elle invita Gaziuddin à une fête et le pria d’accepter des mets qu’elle avait préparés de sa main. Quelques instants après Gaziuddin était mort. L’armée privée de son chef se débanda aussitôt et tout l’avantage revint à Salabet j. qui n’avait jamais été si près de sa chute. Seul, le fils de Gaziuddin, un nommé Scheabeddin, qui ne devait pas tarder à jouer un grand rôle à la cour du Mogol, eut pu rassembler les débris de l’armée de son père ; malheureusement pour lui, il était à Delhi et les événements s’accomplirent sans qu’il pût les conjurer.