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armes, avait encore une fois rétabli et raffermi une situation compromise. La guerre avait été évitée et c’était l’essentiel.


Cet événement complétait d’une façon fort heureuse la série de mesures politiques ou d’actes militaires par lesquels Bussy avait pour ainsi dire créé, développé et affirmé le pouvoir de Salabet j. À prendre à la lettre les instructions reçues à Pondichéry, notre rôle été terminé, puisque notre seul but à l’origine avait été de consolider ce pouvoir. Bussy pensa que nulle occasion n’était plus favorable pour sortir du pays avec les honneurs de la guerre. S’il avait secondé les projets de Dupleix et exécuté ses ordres avec une irréprochable loyauté, il n’avait cependant jamais laissé passer l’occasion de lui représenter ou lui laisser comprendre que l’affaire du Décan lui paraissait une aventure, pleine de dangers pour l’avenir et que plus tôt elle serait liquidée mieux cela vaudrait[1].

  1. Dans sa Réfutation parue en 1764, Godeheu invoque 16 lettres de Bussy où celui-ci expose à Dupleix la sombre situation de Salabet j. et lui conseille de chercher les meilleurs moyens de sortir avec honneur du pays. Comme ces lettres nous manquent en grande partie, nous résumerons, d’après Godeheu, les arguments ou les leçons qu’il en tira.

    « Le 27 février 1752, écrit Godeheu, Bussy rendait compte à Dupleix des discussions qui tourmentaient Salabet j., et de l’état incertain où se trouvait ce prince par rapport à l’humeur de ses propres sujets ; il lui écrivait le 27 mars qu’il y avait à Delhi une puissante cabale contre Salabet j. ; le 10, que Balagirao était prêt à se révolter, qu’un orage se préparait de toutes parts contre le soubab ; le 2 avril, que le fils de Ragogy, à la tête de 25.000 cavaliers dévastait les environs d’Haïderabad ; le 6, il marquait la révolte de plusieurs peuples ; le 17, qu’il n’y avait pas un chef ni un cavalier qui fut véritablement serviteur de Salabet j., qu’un maure (Jaffer Ali kh.) qui s’était révolté produisait les mêmes troubles dans le nord que Mahamet-Ali dans le sud ; le 27, que sans un envoi de troupes tout serait perdu ; le 30, que le divan de Salabet j. (Ramdas Pendet) avait été assassiné nonobstant la garde française, dont une