suis sorti de ce concert avec une migraine dont je ne suis pas encore guéri. »
Finalement, jamais il ne put se prononcer avec une entière liberté, quand on agitait devant lui la question du fameux concert.
La population de Turturelle était généralement réfractaire à la musique ; le public devant Pasdeloup, avait été hideux, moqueur, presque insultant.
M. Grillé s’en était aperçu. Il ne manquait pas de jugement et se disait que ce même public, un mois avant le concert, s’empilait au théâtre municipal pour y applaudir vingt soirées de suite Les Mousquetaires au Couvent ; que ces applaudissements étaient partis du fond de ces cœurs de farceurs, pour remercier les auteurs d’une pièce insane d’avoir bien voulu descendre au niveau très bas où ils demeuraient ; qu’envers Pasdeloup, au contraire, ces mêmes blagueurs s’étaient vengés par le silence ou par la moquerie de leur ignorance et de leur sottise.
Rien de tout cela n’avait échappé à M. Grillé ; mais il était indécis. Quand on lui parlait des Mousquetaires au couvent, il disait : « Quelle horreur ! » Quand on lui parlait de Pasdeloup, il disait : « Quelle migraine ! » C’est que M. Grillé voyait clairement la nécessité de condamner avec les Mousquetaires au couvent une foule d’autres œuvres qu’il avait adorées jusqu’alors et il ne pouvait s’y résigner.