tenant, car ils ne tarderont pas d’habiter Turturelle… »
M. Grillé se dit qu’il ne devait pas exagérer ses soupçons et comme, après un petit tour au village de Prinché, il put se convaincre de la bonne réputation de Rûlami, il se calma entièrement.
Pourtant, les visites du mondain dont M. Grillé s’obstinait sans y prendre garde à ignorer le nom, se multiplièrent. Il venait souvent le matin, avec sa fille. On entendait de loin le mail qui gravissait la pente de Rûlami, au grand trot. Le domestique qui servait le déjeuner de M. Grillé disait : « C’est le baron et Mlle Lakmé. »
Mme Muret venait tout aussitôt, accueillait le baron à l’entrée du salon et le faisait entrer après avoir embrassé Lakmé. Celle-ci prenait alors la direction des bois et disparaissait sous les feuilles.
M. Grillé, un matin, suivit Mlle Lakmé et la vit s’asseoir sur le banc même qu’il choisissait d’habitude.
Le soleil était brûlant ; l’endroit où était le banc était un peu découvert ; la lumière abondante en faisait une niche dorée où la robe rose et le chapeau de paille brillaient comme des bijoux, changeaient de matière sous les rayons de feu qui traversaient les branches.
La jeune fille semblait une fée apparue là dans ses plus beaux atours. Le contraste de