Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VI

ALEMGUIR EMPEREUR. CARACTÈRES DU VIZIR ET DE SOUDJOTDOLA. LEURS INTÉRÊTS RESPECTIFS. LES DJATES. LES PATANES.

Alemguir second, de la race de Teymourlang, étoit depuis l’année 1754, sur le trône de Delhy où il avoit été placé par le vizir Ghazioudinkhan après la déposition d’Hametcha. Alemguir, tout vieux et infirme qu’il étoit, s’étoit flatté que le vizir auroit pour lui plus de ménagements qu’il n’avoit eu pour son prédécesseur ; il eut bientôt occasion de voir qu’il s’étoit trompé. Ghazioudinkhan qui ne vouloit qu’un fantôme de roi, le tenoit enfermé dans une forteresse où à peine lui fournissoit-on de quoi vivre. Il n’en sortoit que cinq ou six fois l’année comme pour se faire voir au peuple et toujours escorté par les propres gens du vizir qui ne pouvoient sentir personne auprès du prince qui eut la moindre apparence de fidélité. Alemguir d’ailleurs n’étoit instruit de rien. Esclave plutôt que roi, il auroit préféré mille fois être simple particulier. On peut croire qu’il lui échappoit de tems en tems des marques