Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/268

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je voulois remonter le Gemna jusqu’à quelque distance d’Agra, et de là prendre la route pour joindre M. de Bussy dans le Dekan. Mahmoud coulikhan fit le surpris ; ayant fait signe à sa compagnie de se retirer, il me dit qu’il avoit quelque chose de bien mieux que tout cela à me proposer. Sur quoi il me fît part des vues que Soudjaotdola avoit sur le Bengale, où, ne pouvant passer lui-même, il comptoit l’envoyer, et en ce cas, ajouta Mahmoud coulikhan « Que pouvez vous faire de mieux que d’y marcher avec moi ? J’aurai une bonne armée. J’ai d’ailleurs des intelligences dans le pays au moyen desquelles je ne peux manquer de réussir. C’est une occasion dont il faut que vous profitiez. Il y a encore un mois de pluies à passer, pendant lequel nous pourrons travailler de concert à faire les préparatifs. J’irai pour cet effet auprès de Soudjaotdola. Supposé qu’au retour de la belle saison, l’expédition du Bengale n’ait pas lieu, vous pourrez suivre votre première idée et joindre M. de Bussy plus commodément. Du reste j’aurai soin que rien ne vous manque tant que vous serez avec moi. » On doit croire que je n’étois pas fâché de voir Mahmoud coulikhan m’inviter à passer quelque tems à Eleabad. En effet je ne savois comment aller plus loin. Il n’étoit pas possible d’engager les rameurs du Bengale à passer outre et encore moins d’en trouver d’autres. Il m’auroit fallu pour cela bien plus d’argent que je n’en avois. D’un autre côté les