Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/395

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c’étoient eux qui gouvernoient et non Mirdjaferalikhan en qui le titre de soubahdar n’étoit qu’honoraire, personne ne vouloit me croire. On se mettoit à rire. En effet comment faire comprendre à des gens qui n’ont vu que leurs semblables, qu’un corps de deux ou trois mille Européens tout au plus, fut capable de donner la loi dans un pays aussi étendu que le Bengale ; on verra par la suite des marques encore plus fortes de cette prévention.

J’ai dit que l’armée avoit fait quatre ou cinq cosses, nous comptions en faire autant tous les jours, jusqu’à Bengale ; mais ce n’étoit pas l’intention d’Hytelrao, il nous faisoit marcher tantôt d’un côté tantôt de l’autre, simplement pour mettre à contribution différens forts et villages, qui par là, le défrayoient amplement de la dépense qu’il pouvoit faire. Les conférences avec le divan du vizir recommencèrent et je reçus en même tems une lettre d’Olkarmollar qui portoit d’accompagner Hytelrao, lorsque ce dernier iroit le rejoindre. Tout cela me faisoit bien voir qu’il ne falloit plus penser au Bengale ; mais comment se brouiller avec les Marates, notre unique ressource ? ce n’eut été rien encore, si plusieurs circonstances ne se fussent réunies pour nous dégoûter. Je m’apperçus bientôt que le soldat étoit très mécontent de toutes ces marches et contre-marches qu’on lui faisoit faire dans la saison la plus chaude de l’année, souvent par des plaines de sable brûlants,