Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/402

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Tout cela bien expliqué et les copies échangées, le prince me quitta beaucoup plus tranquille qu’il ne m’avoit paru l’être en arrivant. Je pris en conséquence mes arrangements, comptant que nous partirions dans deux ou trois jours au plus tard. Plusieurs réflexions vinrent à la traverse qui firent changer le prince ; le manque d’argent, l’inquiétude qu’un départ aussi précipité devoit causer à toute sa famille et à son sérail, le déterminèrent sans doute à n’y plus penser. Par là je me trouvai plus embarrassé que jamais sur le parti que j’avois à prendre.

Arrivée à Delhy.

Nous fîmes cependant encore trois ou quatre petites marches qui nous firent passer le Gemna à gué, ayant de l’eau jusqu’aux oreilles, et nous mirent à deux cosses et demie de Dehly dans un lieu qu’on nomme Kotobderga. Je ne tardai pas à m’appercevoir que le vizir et Hitelrao étoient déjà en bonne intelligence. L’accommodement alloit être signé, et j’avois tout lieu de craindre que la perte du prince n’en fût la base. Quelques ménagements qu’éxigeoit notre situation à l’égard des Marattes, il ne nous convenoit guère d’être témoins tranquilles d’une affaire aussi vilaine. Sur quoi je me décidai tout à fait à quitter l’armée soit pour aller joindre Olkarmollar à Lahore, soit pour marcher dans le Dékan. Je voulus voir si le danger où étoit le prince ne le feroit pas changer et revenir