J’écrivis promtement à Pondichéry tout ce que le chazada me marquoit, le parti que je prenois en conséquence, ainsi que mes craintes et mes espérances. Si j’avois eu de l’argent, nous serions partis sur le champ mais nous devions à notre Bodjenat Termokdjy et il ne vouloit pas nous prêter suffisamment pour nous mettre en état de marcher. Bon gré mal gré il fallût attendre qu’il nous vint quelques secours du Bengale.
Vers le milieu de Janvier 1759, je reçus des lettres de Pondichéry par lesquelles on me marquoit que M. le Comte de Lally étoit allé faire le siège de Madras et qu’au cas qu’il eût le bonheur de prendre cette place il y avoit apparence qu’on iroit droit au Bengale. Que pouvions nous attendre de plus favorable ? Nous voilà au comble de la joie par la réunion des circonstances. Madras assiégé ou Madras pris, c’étoit selon nous à peu près la même chose, et tout calcul fait nous comptions arriver à Patna à peu près dans le tems que nos vaisseaux paroitraient au bas du Gange. Notre calcul étoit faux ; nous l’avions établi sur certaines combinaisons très équivoques, nous imaginions que notre amiral, que nous supposions instruit du siège que M. Lally devoit faire en décembre, auroit pu s’arranger de façon à faire paroître à la côte au commencement de février tout