Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/62

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les ressorts qui les faisoient agir, le vrai et le faux de bien des choses qu’un absent ne peut savoir qu’imparfaitement. Comptez sur ma fidélité dans tout ce que j’ai à vous dire, au sujet des affaires du Bengale, ainsi qu’à l’égard des pays que j’ai parcourus. Je vous exposerai naturellement ce que j’ai vu, ce que j’ai fait, non peut-être avec tous les détails que j’aurois désiré. Je me trouve aujourd’hui malheureusement privé d’une partie de mes papiers sur lesquels j’avois couché bien des observations : il faudra que ma mémoire y suplée. Si vous n’étiez pas accoutumé à recevoir de mes lettres, je vous demanderois grâce pour mon style : peut-être vous ennuyera-t-il ; à cela je ne vois qu’un remède, c’est de me lire en vous couchant, le sommeil y viendra plutôt.

Vous n’ignorez pas, Monsieur, que les courses que j’ai faites ont paru (à quelques personnes) si singulières et si destituées de raison, qu’elles m’ont mérité de leur part les nobles titres d’aventurier, de Dom Quichotte. « Chandernagore pris, qu’était-il nécessaire de remonter le pays avec une centaine d’Européens, sans argent, sans sûreté d’en avoir, de s’exposer à périr de misère, à être égorgé par des nations à qui le nom d’Européen est inconnu, quel avantage en pouvait-il résulter pour la nation ? Les ennemis une fois chassés de la Côte Coromandel, et nos forces rendues dans le Bengale, qu’avoit-on besoin de ce détachement du côté de Patna, vaines idées