Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/70

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l’Empire, son titre Dar oul Khilafat (demeure des rois) le désigne assez. D’ailleurs, c’est là où doit se faire l’installation, cérémonie que le prince ainsi que le peuple regarde comme essentielle ; le Chazada avec lequel j’étois, fut reconnu dans toute l’armée pour empereur, aussitôt après la mort de son père Alemguir.

La nouvelle et les ordres en conséquence furent portés dans toutes les parties de l’empire ; mais ce n’étoit pas assez ; le prince me dit plusieurs fois qu’il ne se croiroit bien établi que lorsqu’il se verroit assis sur le trône dans Dehly même.

Les dépendances immédiates de Dehly s’étendent dans le nord jusqu’à Serhind, à l’est jusqu’au Gange, et à peu près à la même distance dans l’ouest ; il n’y a aujourdhui presque rien au sud, la terre ayant été donnée, soit à des Patanes, soit aux Marates, soit aux Djates. Ces dépendances forment ce qu’on appelle la bouche du prince ; ce soin regarde le vizir à qui appartiennent aussi de droit plusieurs djaguirs dans les divers soubahs de l’empire ; il a encore directement, ou doit avoir dans sa dépendance, comme premier ministre, toutes les grandes forteresses du royaume, il y nomme le keledar ou commandant de place, et le soubahdar ou viceroi de la province où la forteresse est située, y place un fodjedar (commandant de troupes) ; le keledar en sa qualité ne rend compte qu’au vizir, et ne connoit que ses ordres.