Page:Martinesisme, Willermosisme, Martinisme et Franc-Maçonnerie.djvu/18

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de précéder, d’accompagner et de terminer les séances présidées par Willermoz[1]. Après cela, si les cléricaux veulent toujours voir un diable poilu et cornu dans toute influence invisible et sont disposés à confondre toujours tout ce qui est extra-terrestre avec les influences inférieures ; cela les regarde et nous ne pouvons que déplorer un tel parti pris qui ouvre la porte à toutes les mystifications et à toutes les railleries. Le Willermosisme, comme le Martinésisme et le Martinisme, a toujours été exclusivement chrétien, mais n’a jamais été clérical, et pour cause. Il rend à César ce qui est à César et au Christ ce qui est au Christ ; mais il ne vend pas le Christ à César.

L’« Agent ou Philosophe Inconnu » avait dicté 166 cahiers d’instruction, desquels Claude de Saint-Martin avait pris connaissance et dont il avait copié quelques-uns de sa main. Sur ces cahiers, 80 environ furent détruits dans les premiers mois de 1790 par l’agent lui-même, qui voulait éviter de les voir tomber

  1. J’ai connu beaucoup de Martinistes, soit de Lyon, soit de différentes villes des provinces méridionales. Bien loin de paraître attachés aux opinions des philosophes modernes, ils faisaient profession de mépriser leurs principes. Leur imagination, exaltée par l’obscurité des écrits de leur patriarche, les disposait à tous les genres de crédulité : quoique plusieurs fussent distingués par des talents et des connaissances, ils avaient l’esprit sans cesse occupé de revenants et de prodiges. Ils ne se bornaient point à suivre les préceptes de la religion dominante ; mais ils se livraient aux pratiques de dévotion en usage dans la classe la moins instruite. En général, leurs mœurs étaient très régulières. On remarquait un grand changement dans la conduite de ceux qui, avant d’adopter les opinions des Martinistes, avaient vécu dans la dissipation et la recherche des plaisirs. (Mounier, Influence des Illuminés dans la Révolution ; Paris, 1822, in-8, p. 157.)