Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Kiev. Plus au sud, à partir de Vladimir et de Sloutsk, le sol s’élève, les forêts deviennent plus rares, les collines, — contre-forts des Carpathes, — se dressent dans toutes les directions et forment auprès du Dniester une des plus belles contrées qu’on puisse voir en Russie. C’est à travers ces trois provinces du midi que passe la ligne de la population la plus dense de l’empire russe[1]. Encore plus bas, vers le sud, le terrain s’abaisse de nouveau et va se confondre avec les steppes interminables de Kherson.

Tel est l’aspect général des provinces de l’ouest. Depuis un temps immémorial, il est habité par les Lithuaniens et les Russes, deux branches de la famille indo-européenne qui vivent l’une à côté de l’autre sans se confondre. Si vous suivez la ligne que parcourt le chemin de fer de Varsovie à Saint-Pétersbourg, en vous en écartant un peu vers l’est, sauf à passer, à certains endroits, sur la rive opposée, vous aurez tracé à peu près la limite ethnographique qui sépare les deux nationalités. Comme la nation lithuanienne était jadis répandue en toute la contrée de l’ouest, depuis la mer Baltique jusqu’aux rivages de la mer Noire, il est tout naturel d’en trouver encore aujourd’hui quelques restes disséminés en plusieurs endroits. Mais, en général, à mesure qu’ils s’éloignent de Kovno, foyer principal de la race lithuanienne, ils deviennent de plus en plus rares. Dans le gouvernement de Kovno, la population lithuanienne présente une masse compacte, dans la proportion de 80 % sur la population totale. La densité en est déjà moindre dans le gouvernement de Vilno ; elle est presque nulle dans les provinces de la Podolie et de Kiev, situées à l’extrémité opposée. On compte près de 2 millions de Lithuaniens en tout, y compris ceux qui habitent la Prusse (au nombre de 150,000)[2]. Nous donnerons plus loin des chiffres plus détaillés.

  1. En Podolie, par exemple, le nombre d’habitants par mille carré s’élève à 2.178 d’après les uns (V. le tableau ethnogr., n° 1) ; et d’après les autres à 2,268. Ce dernier chiffre, qui paraît plus exact, n’est dépassé que dans le gouvernement de Moscou, le plus populeux de tous, où il arrive à 3,499 (V. Buschen, Bevölkerung des russischen Kaiserreichs, p. 62. Gotha, 1862).
  2. Sous le nom de Lithuaniens on comprend aussi les Lettons, qui habitent la Courlande et la partie nord-ouest du gouvernement de Vitebsk.