générale, il donne le maximum, tandis que M. Erkert a le chiffre moyen, et la Société géographique suit le minimum. L’exception n’existe que pour le gouvernement de Minsk, auquel celle-ci assigne plus de 1 million d’habitants que l’atlas de Batushkov réduit à 994,023.
Au reste, que prouvent, en définitive, toutes ces divergences ? À quels résultats nous mènent-elles ? Supposons que tous les calculs soient exacts, qu’ils ne portent aucune trace d’exagération, qu’en conclurez-vous ? Que la supériorité numérique est du côté de la nationalité russe ? Personne ne le nie. Et puis ? Que toute la question est résolue et la cause finie ? Nullement. Pour qu’elle le fût, on devrait prouver que les Russiens de l’Ouest ne sont point polonisés, qu’ils sont dans la même condition que les Grands-Russes et doivent être confondus avec eux. Il est des auteurs, cependant, qui exagèrent énormément les conséquences. De ce nombre est Schédo-Ferroti, pour ne citer qu’un seul entre mille. Écoutons :
Ces chiffres, dit le feu baron[1], sont bien plus éloquents que ne pourrait l’être aucun raisonnement. — Ils prouvent à l’évidence que, dans les provinces en question, le nombre de ceux qui parlent le russe est six fois plus grand que celui des habitants polonais ; que, dans aucune de ces contrées, pas même en Lithuanie, les Polonais ne sont plus nombreux que les Russes, et que, dans d’autres (Kiev et Mohilev), il y a de dix-sept à vingt-six fois plus de Russes que de Polonais.
Nous l’avons vu, l’auteur comprend sous le nom de Russes tous ceux qui parlent un idiome russe quelconque, restant ainsi dans l’équivoque à laquelle prête ce nom. Il oublie de dire que dans les deux provinces de Kiev et de Mohilev il n’y a que 35,000 Grands-Russes, tandis que les Polonais s’y comptent au nombre de 110 à 115,000.
La prétention de ceux qui revendiquent les anciennes provinces de la Pologne à titre de pays habités par une population polonaise tombe donc à plat devant la supériorité numérique de l’élément russe, à moins qu’on ne veuille faire abstraction du peuple, pour ne prendre en considération que la nationalité des classes qui le dominent, soit par leur
- ↑ La Question polonaise, p. 92. Nous citons les propres paroles de l’auteur dont le français laisse parfois un peu à désirer.