Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/40

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que fût celle des colons grands-russiens. Des phénomènes analogues se sont produits dans les contrées occidentales autrefois soumises à la Pologne. L’élément russe y étant mis en présence du lithuanien, l’a dominé moralement, tout en restant son vaincu dans l’ordre politique. Les Lithuaniens adoptèrent la langue des Blancs-Russiens, qui devint celle de l’administration, des lois, de I’aristocratie et des habitants des villes, si bien que l’idiome de la nation conquérante ne fut parlé que par le peuple de la Lithuanie proprement dite et de la Samogitie. Les Blancs-Russiens, à leur tour, étant placés en contact avec la nation polonaise, subirent son influence en adoptant sa langue, sa religion, ses mœurs. Bref, ils se polonisèrent. Dans l’un et l’autre cas, la cause est la même, et ces transformations ne furent provoquées ni par la violence, ni par la pression ; ce fut la conséquence naturelle de cette loi générale, en vertu de laquelle un élément supérieur exercera toujours une action transformatrice sur un autre qui lui est inférieur.

Dans les pages qui précèdent, nous avons essayé de faire connaître les populations auxquelles on voudrait imposer la langue officielle comme langue du culte public. Nous avons esquissé à grands traits les diversités plus ou moins profondes qui les séparent des Russes de l’empire, au point de vue de l’histoire, de la langue, de la nationalité et de la religion. De toutes ces considérations se dégage ce nous semble, la conclusion suivante : savoir que, si les provinces occidentales ne sont pas polonaises d’origine, elles l’ont été par le fait d’une longue domination de la Pologne, dont elles ont adopté la nationalité, et que, pour légitimer la mesure que poursuit la Russie vis-à-vis des catholiques de l’Ouest, il faudrait l’appuyer sur des titres et des droits moins sujets à contestation.