Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/65

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exerce sur l’Église officielle depuis des siècles et qu’il voudrait étendre aussi sur l’Église catholique. Mais il est inutile d’insister sur un point que personne ne révoque en doute et qui provoque des protestations éloquentes de la part des Russes eux-mêmes. Nous avons vu d’ailleurs ce qu’en pensent les représentants du parti slavophile, dont M. Bezsonov, auteur d’un des quatre mémoires, s’est fait l’écho.

Le but qu’on veut atteindre par l’introduction du russe dans le culte est de « séparer le catholicisme de la nationalité polonaise, de rompre le dernier lien qui unit à celle-ci les populations des provinces occidentales, d’empêcher que l’Église catholique n’y devienne une institution politique. »

Il a été dit plus haut combien le moyen employé pour atteindre ce but est inefficace, de l’aveu même des adversaires de la nationalité polonaise. Aux exemples cités à cette occasion, on pourrait joindre celui de l’Irlande catholique. Les Anglais y ont bien introduit leur langue ; rien n’y fait ; l’antagonisme des deux nations n’a rien perdu de son intensité. Il y a dans l’Irlandais un repli de son âme où le despotisme a vainement essayé de s’introduire : c’est celui qui renferme sa foi. Attaqué dans tous ses droits, il les a tous cédés à la force, sauf un seul, celui d’adorer Dieu selon sa religion. Il en est de même des Ruthènes catholiques : la langue russe n’y pourra rien.

On prétend que le catholicisme, uni à l’élément polonais, devient une espace d’institution nationale, politique ; et pour le dépouiller de ce caractère vrai ou imaginaire, que fait-on ? On lui imprime le caractère d’officialité qui en fait une institution réellement politique et nationale, quoique différente de la première.

Si le polonisme est la source de tous les maux pour la nation catholique, le remède n’est pas difficile à trouver. On n’a qu’à proclamer la liberté religieuse, mais franche et complète. C’est à notre avis, la meilleure solution du problème que la Russie, depuis un siècle, essaie en vain de résoudre. Par ce moyen, elle aurait un clergé vraiment national et sincèrement dévoué à l’État et à l’Église, et le fantôme du polonisme se dissiperait pour ne plus reparaître.

Enfin, pour être conséquent avec soi-même, ne devrait-on pas travailler à séparer le polonisme de l’élément catholique non-