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La Langue de Racine

L’étude de la langue de Racine devrait, ce semble, avoir pour préliminaires l’histoire des mots dont il s’est servi, les exemples de l’usage qu’en avaient fait avant lui les poètes tragiques ses prédécesseurs. Mais pour cette histoire, pour ces exemples, nous croyons pouvoir renvoyer nos lecteurs à notre Lexique de Corneille : d’une part, à la préface de ce Lexique, où ils trouveront les faits généraux ; et de l’autre, aux articles mêmes, où ils trouveront les observations de détail. Nous ne devons pas songer à reproduire ici ce travail ; mais nous demandons tout d’abord qu’on veuille bien s’y reporter, afin que l’examen de la langue de notre auteur en soit mieux éclairé, et qu’on n’y soit pas choqué d’une fâcheuse lacune. Ceci dit, nous entrons en matière.

L’erreur la plus ordinaire, contre laquelle il importe de se prémunir d’abord, quand on veut étudier la langue d’un écrivain, c’est de croire que tout ce qui, dans ses œuvres, s’éloigne de l’usage actuel, doit lui être attribué en propre, caractérise sa manière, sa langue à lui, porte la marque de son tour d’esprit, de son génie.

Une étude, au moins générale, de la langue du temps auquel l’auteur appartient, est indispensable pour éviter cet écueil, auquel sont venus se heurter bon