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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

III

Ce double problème une fois posé, voyons comment on s’est efforcé de le résoudre relativement à notre langue.

L’étude régulière et méthodique du français ne date que du xvie siècle. Avant cette époque, on l’apprenait uniquement par la pratique. La langue latine était considérée comme la seule dans laquelle on pût traiter des matières importantes ; et son extrême diffusion parmi toutes les nations de l’Europe, qui en faisait un instrument universel et courant de correspondance scientifique, rendait à certains égards cette opinion fort raisonnable. Quant au français, on ne le regardait guère que comme une sorte de patois commode dans les nécessités de la vie, un jargon d’artisans et de valets (vernacula lingua), dans lequel on aurait dédaigné d’écrire un traité scientifique, ou de se livrer à une discussion sérieuse.

Tout à coup les idées changent : les poètes se lassent du latin et se prennent à penser que notre idiome pourrait bien, avec le temps, n’être pas un instrument par trop inférieur aux langues de l’antiquité ; les réformateurs et les savants, curieux d’être lus, entrevoient le merveilleux parti qu’ils en pourront tirer pour la rapide propagation de leurs opinions et de leurs doctrines ; les étrangers s’appliquent à l’étudier ; enfin il trouve des panégyristes érudits et parfois même éloquents, tels que