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Études de Philologie comparée sur l’argot[1]

Charles Nodier a indiqué, il y a plus de vingt ans, dans ses Notions de linguistique, les nombreux travaux relatifs à notre langue qui restaient encore à faire, et cet excellent programme est tracé avec tant d’exactitude et de prévoyance, que, si l’on songeait jamais à réunir en un seul corps les ouvrages composés sur ce sujet par la génération présente, il en serait, à coup sûr, l’introduction la plus naturelle.

Le spirituel philologue insiste à plusieurs reprises dans ce livre sur l’importance de l’étude scientifique de l’argot, effleurant chaque fois la question en quelques lignes, de ce ton tour à tour léger, profond et paradoxal, si ridicule dans les écrits de ses imitateurs, mais si attrayant dans les siens, parce qu’il répond exactement à la tournure de son esprit.

Tout en reconnaissant aux malfaiteurs beaucoup d’imagination et une intelligence des plus inventives, il proclame en ces termes leur impuissance à se créer un idiôme entièrement original : « Aucune société particulière ne peut se former, dans le langage de la société commune, un langage qui échappe à sa forme et qui se passe de ses éléments. »

  1. Article sur les Études de philologie comparée sur l’argot et sur les idiomes analogues parlés en Europe et en Asie, par Francisque Michel, développement d’un Mémoire couronné par l’Institut de France, 1 vol. in-8o. Paris. Didot, 1856.