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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

nient à adopter ces dénominations, pourvu toutefois qu’il reste bien entendu que ces temps composés ne doivent pas être considérés comme une partie intégrante du verbe, mais seulement comme un ensemble de locutions verbales complémentaires.

Nous devons faire ressortir dans l’étude de la grammaire, et surtout de la grammaire élémentaire, le petit nombre de formes synthétiques particulières à notre langue ; quant aux diverses locutions par lesquelles on a remplacé les temps du verbe latin qui n’ont point passé en français, elles ne méritent qu’une mention des plus sommaires.

Après avoir perdu l’habitude de décliner les noms français et de déclarer que de la muse est un génitif et à la muse un datif, on ne peut continuer à affirmer sérieusement que j’ai aimé est une forme active et j’ai été aimé une forme passive.

Pour le passif nos grammairiens se sont montrés accommodants ; ils ont eu la discrétion de n’en donner qu’un modèle : être aimé, et de ne point nous indiquer ceux des autres conjugaisons : être averti, être reçu, être rendu ; ce qui ne serait cependant pas plus absurde que de conjuguer les verbes actifs comme ils le font.

En effet, les temps composés n’ont été répétés dans tous les modèles des diverses conjugaisons, bien qu’ils n’offrent jamais ni le plus petit changement ni la moindre irrégularité, que pour conserver intact le paradigme du verbe latin.

Ayons le courage de ne pas nous astreindre éternellement à cette routine, et de faire quelque chose de plus court, de plus clair et de plus scientifique à la fois. Bornons la conjugaison française aux temps simples, les seuls qui la constituent réellement ; donnons les verbes avoir et être à leur rang, parmi les irréguliers de la troisième et de la quatrième conjugaison ; enfin ayons grand soin d’indiquer que ces deux verbes, se dépouillant de