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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

se servir des termes que nous voudrions voir disparaître.

L’un d’eux, M. Guérard, dont les ouvrages sont fort supérieurs à ceux qui les ont précédés, après avoir employé ces dénominations dans sa Grammaire élémentaire et les avoir répétées dans sa grammaire complète, est pris d’un fort légitime scrupule et fait en note la déclaration suivante :

« Les règles de dérivation que nous indiquons ici sont purement artificielles ; c’est un moyen mécanique d’aider l’élève à former les temps[1]. »

Nous sommes tout disposé à savoir beaucoup de gré à M. Guérard de cet aveu ; mais n’est-il pas de nature à surprendre les élèves, qui apprennent ainsi, tout à coup, que la théorie étudiée par eux depuis plusieurs années ne repose sur rien, et que tous leurs efforts n’ont abouti qu’à se surcharger la mémoire de notions arbitraires, jugées telles par celui qui les leur a enseignées ?

Puisque tout le monde tombe d’accord de l’inexactitude de ces règles, il est inutile de les considérer dans leur principe ; mais il n’est peut-être pas sans intérêt d’examiner, en prenant pour guide l’ouvrage de M. Guérard, si elles ont du moins de l’efficacité comme moyen mécanique et si elles apportent en réalité quelque aide aux élèves.

La grammaire que nous venons de citer nous signale, comme la plupart des traités analogues, cinq temps primitifs « qui servent à former les autres dans les quatre conjugaisons. »

De ces cinq temps primitifs, nous n’en reconnaissons que deux :

1o Le participe passé, qui forme avec avoir les temps composés du verbe actif, et avec être le verbe passif tout entier.

  1. Court complet de langue française, par M. Guérard, deuxième partie. Grammaire et compléments, 15e édition, 1867, p. 41, note 1.