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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

XI

L’enseignement de la prononciation jette beaucoup de jour sur l’orthographe.

Ces deux études sont si intimement liées qu’il est parfois difficile de savoir où l’une finit et où l’autre commence.

Savoir comment on doit prononcer ce qu’on écrit, savoir comment on doit écrire ce qu’on prononce : ce sont au fond deux faces différentes d’un même problème.

La prononciation, du reste, tend à se rapprocher de plus en plus de l’écriture, parfois de la manière la plus fâcheuse.

Ce même scrupule, qui, de notre temps, a fait regarder comme une faute indigne de pardon l’oubli, dans l’écriture, de la moindre lettre parasite, s’est étendu peu à peu à la langue parlée, par une conséquence fatale mais logique ; et l’on a cru faire preuve d’instruction en prononçant toutes les lettres de chaque mot, et en faisant sonner, sans aucune exception, toutes les consonnes finales, devant toutes les voyelles initiales.

Respect se prononçait d’abord respè[1] ; La Fontaine

  1. Le vil troupeau de ce grossier vulgaire
    Qui à l’honneur d’vn faux respet fait scorte.
    (Pontus de Tyard, Erreurs amoureuses, livre III, pièce XXI. p. 317 de notre édition.)

    « Il lui a pleu auoir respet non sulemant a mon eage mais a mon desir. » (Montaigne, Lettre du 18 janvier 1590 à Henry IV.)