Page:Marty - Les principaux monuments funéraires.djvu/216

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Munie d’une permission du procureur général, le 20 décembre, veille du jour fatal, elle se fit conduire comme à l’ordinaire dans une chaise à porteurs, accompagnée de sa fille, âgée de douze ans, d’une vieille domestique, et dîna avec M. Lavalette.

A sept heures du soir, mademoiselle Lavalette et la domestique, qui paraissaient soutenir péniblement une femme accablée de douleur, enveloppée dans sa fourrure, sous son chapeau, un mouchoir sur les yeux, se présentaient à la grille de la prison. La grille s’ouvre ; elles sortent. M. Lavalette, car c’était lui, disparut bientôt sur le quai des Orfèvres, à la faveur de l’obscurité de la nuit, et fut recueilli par trois Anglais, MM. Bruce, Hutchinson et Wilson, qui lui procurèrent une retraite sûre, où, pendant quinze jours, il brava les recherches les plus actives de la police. Enfin, le soir du 7 janvier, M. Lavalette se rendit chez le capitaine Hutchinson, sous l’uniforme d’un général anglais : le 8, il monta dans un cabriolet avec le général Wilson ; sortit de Paris sans avoir été reconnu, grâce à son déguisement ; arriva le lendemain à Mons, et de là se rendit à Munich, où il attendit, sous l’égide d’une protection puissante, que des temps plus heureux lui permissent de rentrer en France.

La sépulture de la famille Lavalette est composée de deux tombes couvertes horizontalement, à la tête desquelles s’élève, sur un stylobate, un cénotaphe. Sur sa principale face est un bas-relief en marbre représentant la scène intéressante de la prison, au moment où madame Lavalette fait prendre un déguisement à son mari pour faciliter son évasion. Au-dessus du cénotaphe s’élève une niche de forme carrée, surmontée d’un fronton, orné de pal mettes, au milieu duquel est gravée cette inscription :

FAMILLE LAVALETTE.

La niche dans laquelle est placé le buste du comte Lavalette, exécuté en bronze, est ornée d’un riche encadrement de rinceaux sculptés.

Ce monument, excepté le bas-relief, est tout en pierre de liais, et a été exécuté par la compagnie générale des inhumations, rue Saint-André.