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RAVRIO.




Ravrio (Antoine-André), bronzier-doreur, célèbre en France et en Europe, naquit à Paris en 1759. Son père, habile fondeur, avait su conquérir l’estime générale par sa droiture et ses talens ; sa mère appartenait à une famille avantageusement connue dans les arts industriels et libéraux.

Ravrio, après avoir dessiné et modelé à l’Académie, étudia sous les plus habiles maîtres, et c’est alors que se développèrent les heureuses dispositions qu’il avait reçues de la nature.

La perfection où il porta l’art de travailler le bronze, le goût exquis, la pureté de style, l’élégance des formes, ses compositions ingénieuses, et surtout son imitation sévère de l’antique, firent bientôt à Ravrio une réputation européenne.

Mais si la France et l’étranger recherchaient avidement ce qui sortait de ses ateliers, ses amis savaient apprécier les qualités de son esprit et de son cœur ; et ce fut autant à ces qualités qu’à ses talens, qu’il dut le développement et l’étendue de ses relations commerciales.

Son extrême obligeance, sa franche gaîté, ses spirituelles saillies, et, par-dessus tout, son empressement à soulager le malheur, le firent admettre dans plusieurs sociétés littéraires et de bienfaisance : aussi s’était-il concilié l’estime générale, et s’honorait-on d’être son ami.

Si Ravrio eût cultivé les dispositions qu’il avait pour la littérature et la poésie, il aurait pris rang parmi nos auteurs les plus agréables : on a de lui quelques vaudevilles qui ont réussi, et il a fait imprimer pour ses amis deux volumes de poésies légères pleines de facilité, de sentiment et d’esprit. Mais, passionné pour son art, les belles-lettres n’ont été pour lui, et fort tard, qu’un délassement.

Ce qui honore le plus sa mémoire, c’est qu’il fut le père de ses ouvriers : et l’on pouvait dire avec vérité qu’ils travaillaient autant par affection pour lui, que par intérêt pour eux-mêmes ; aussi leur donna-t-il au-delà du tombeau une preuve de la constante sollicitude qu’il avait eue pour eux.

Il fonda, par son testament, un prix de 3000 francs pour la découverte d’un moyen qui préviendrait les dangers de l’emploi du mercure dans la profession de doreur sur métaux.