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estampillés qui devenaient ainsi des traites payables en peaux et en fourrures. Plus tard, sous le nom de copecks, ils devinrent de simples signes pour des fractions du rouble d’argent, et leur usage se maintint partiellement jusqu’en 1700, quand Pierre le Grand ordonna de les racheter avec de la menue monnaie de cuivre émise par l’État[1]. Des auteurs de l’antiquité qui n’ont pu observer que les phénomènes de la circulation métallique conçoivent déjà le numéraire comme symbole ou signe de valeur. Ainsi font Platon[2] et Aristote[3]. Dans les pays

  1. Henry Storch, Cours d’économie politique, etc., avec des notes par J.-B. Say, Paris, 1823, tome IV, p. 179. Storch publia son ouvrage à Pétersbourg en langue française. J.-B. Say en prépara aussitôt une réimpression à Paris, complétée par de prétendues notes qui, de fait, ne contiennent que des lieux communs. Storch (voir ses Considérations sur la nature du revenu national, Paris, 1824) prit mal cette annexion de son ouvrage par le « prince de la science  ».
  2. Plato, De Rep, l. II, « νόμισμα ξύμϐολον τῆς ἀλλαγῆς » (monnaie symbole d’échange). Opera omnia, etc., éd. G. Stallbumius. London, 1850, p. 304. Platon ne considère la monnaie qu’en tant que mesure de valeur et signe de valeur, mais il demande, en outre du signe de valeur servant à la circulation inférieure, un signe pour le commerce avec la Grèce et avec l’extérieur (Cf. aussi le 5e livre de ses Lois).
  3. Aristoteles, (Ethic. Nicom., l. V, ch. viii, l. c., « οἷον δ' ὑπάλλαγμα τῆς χρείας τὸ νόμισμα γέγονε κατὰ συνθήκην, καὶ διὰ τοῦτο τ’οὔνομα ἔχει νόμισμα, ὅτι οὐ φύσει ἀλλὰ νόμῳ ἐστί, καὶ ἐφ' ἡμῖν μεταϐαλεῖν καὶ ποιῆσαι ἄχρηστον. ».

    (Dans la satisfaction des besoins, l’argent devint, par convention, moyen d’échange. Il porte son nom (νόμισμα) parce qu’il ne procède pas de la nature mais de la loi