Page:Marx - Contribution à la critique de l’économie politique.djvu/196

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sociale, sous forme d’un trésor souterrain impérissable, et le possesseur de marchandises, des relations particulières et secrètes. Le Dr Bernier qui a séjourné pendant quelque temps à Delhi, à la cour d’Aurenzebs, raconte que les marchands enfouissent leur argent profondément et en cachette, surtout les païens non-mahométans qui ont entre leurs mains presque tout le commerce et tout l’argent, « imbus qu’ils sont de la croyance que l’or et l’argent qu’ils cachent pendant leur vie, leur servira après leur mort dans l’autre monde[1] », Le thésauriseur, d’ailleurs, pour peu que son ascétisme soit doublé d’une énergique application au travail, est éminemment protestant de sa religion et encore plus puritain. « Ce qu’on ne peut nier, c’est que acheter et vendre soient chose nécessaire, mais si on ne peut s’en passer, on peut acheter chrétiennement, plus spécialement les choses qui servent aux besoins et à l’honneur, car ainsi est-ce que les patriarches ont acheté ou vendu du bétail, de la laine, du blé, du beurre, du lait et d’autres biens. Ce sont dons de Dieu qu’il tire de sa terre et partage entre les hommes. Mais le commerce extérieur qui apporte de Calicut et des Indes et d’autres pays, des marchandises, des soies précieuses, de l’orfèvrerie et des épices qui ne servent qu’à somptuosité et n’ont point d’utilité,

  1. François Bernier, Voyage contenant la description des états du Grand Mogol, édition de Paris, 1830, t. I. Cf. p. 312-14.