Page:Marx - Contribution à la critique de l’économie politique.djvu/226

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d’incarnation exclusive de la richesse, il ne se révèle pas, comme dans le système monétaire, dans la dépréciation purement imaginaire, mais dans la dépréciation et la non-valeur réelles de toute richesse matérielle. C’est là le moment particulier des crises du marché mondial qui s’appelle crise monétaire. Le summum bonum qu’en de pareils moments on appelle à grands cris, comme la richesse unique, c’est l’argent, l’argent comptant, et toutes les marchandises, précisément parce que ce sont des valeurs d’usage, paraissent, auprès de lui, des choses inutiles, des futilités, des jouets, ou, comme le dit notre Docteur Martin Luther, pure parure et goinfrerie. Cette subite conversion du système du crédit en système monétaire ajoute l’épouvante théorique à la panique pratique et les agents de la circulation demeurent consternés devant l’impénétrable mystère de leurs propres rapports économiques[1].

  1. Boisguillebert, qui voudrait empêcher les rapports de production bourgeois de se dresser contre les bourgeois eux-mêmes, traite avec prédilection les formes de l’argent où il n’est qu’idéal, ou qu’évanescent. C’est ainsi qu’il a traité du moyen de circulation et du moyen de paiement. Il ne voit pas, encore une fois, que l’argent se tourne immédiatement de sa forme idéale en sa réalité extérieure, que dans la mesure de la valeur, pensée seulement, l’argent solide existe déjà à l’état latent. Que l’argent, dit-il, n’est qu’une simple forme des marchandises elles-mêmes, on le voit dans le grand commerce ou l’échange s’effectue sans l’intervention de l’argent après que « les marchandises sont appréciées ». Le Détail de la France, p. 210.