Page:Marx - Contribution à la critique de l’économie politique.djvu/241

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avec le cuivre (à l’état durci où l’employaient les anciens) empêche qu’on les utilise pour outils, et leur ôte en une grande mesure la qualité sur laquelle repose la valeur d’échange des métaux en général. Inutiles dans le procès de production immédiat, ils ne sont pas indispensables comme moyens d’existence, comme objets de consommation. Ils peuvent entrer dans le procès de circulation social en n’importe quelle quantité, sans porter préjudice aux procès de la production et de la consommation immédiats. Leur valeur d’usage individuelle n’entre pas en conflit avec leur fonction économique. D’autre part, l’or et l’argent ne sont pas seulement des objets négativement superflus, c’est-à-dire non indispensables, mais leurs qualités esthétiques font d’eux la matière naturelle du luxe, de la parure, de la somptuosité, des besoins des jours de gala, bref, la forme positive de la superfluité et de la richesse. Ils apparaissent en quelque sorte comme de la lumière solidifiée, tirée du monde souterrain ; l’argent réfléchissant tous les rayons lumineux dans leur mélange primitif, l’or réfléchissant seulement la plus haute puissance de la couleur, le rouge. Or, le sens de la couleur est la forme la plus populaire du sens esthétique en général. La connexion étymologique, dans les différentes langues indo-germaniques, des noms des métaux précieux avec les rapports des couleurs, a été démontrée par Jacob Grimm (Voir sa Gesichte der deutschen Sprache).