Page:Marx - Contribution à la critique de l’économie politique.djvu/334

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la mer ; les différentes branches de production, l’exportation et l’importation, la production et la consommation annuelles, les prix des marchandises, etc. Il paraît correct de commencer par ce qu’il y a de concret et de réel dans les données ; ainsi donc, dans l’économie, par la population qui est la base et le sujet de tout l’acte social de la production. Mais à regarder de plus près, ce serait là une fausse méthode. La population est une abstraction si je laisse de côté les classes dont elle se compose. Ces classes sont à leur tour un mot vide de sens si j’ignore les éléments sur lesquels elles reposent, par exemple, le travail salarié, le capital, etc. Ceux-ci supposent l’échange, la division du travail, les prix, etc. Le capital, par exemple, n’est rien sans travail salarié, sans valeur, argent, prix, etc. Si donc je commençais par la population, ce serait une représentation chaotique du tout et par une détermination plus stricte, j’arriverais analytiquement toujours davantage à des concepts plus simples ; du concret représenté, j’arriverais à des abstractions toujours plus tenues, jusqu’à ce que je sois parvenu aux plus simples déterminations. Arrivé là, il faudrait refaire le voyage à rebours, jusqu’à ce que j’aboutisse de nouveau à la population, mais cette fois, non pas avec une représentation chaotique d’un tout, mais avec une riche totalité de déterminations et de rapports divers. Le premier est le chemin que l’économie politique naissante a pris historiquement. Les économistes du xviie siècle, par exemple, débutent toujours par le tout vivant, la population, la nation, l’État, plusieurs États, etc. ; mais