Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/103

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gétique du futur prochain, n’est pas en tant que tel le but du développement humain[1]. » Le communisme ne représente donc en aucun cas l’arrêt du développement. Ainsi retrouvons-nous la pensée de la dialectique présente dès les textes de 1841 : aucune « fin » de l’histoire n’est assignable, l’histoire est affirmée comme telle, c’est-à-dire comme devenir. La Postface à la seconde édition allemande du Capital voyait dans la dialectique réelle la loi de développement d’un « organisme social donné » et la nécessité de son remplacement par un autre organisme. Dans l’Ideologie allemande, Marx écrit : « La fin de l’histoire n’est pas de se résoudre en conscience de soi comme esprit de l’esprit, mais qu’à chaque stade se trouvent donnés un résultat matériel, une somme de forces productives, un rapport avec la nature et entre les individus créés historiquement et transmis à chaque génération par celle qui la précède[2]. » Et dans la Critique de l’économie politique, il précise encore : « Les rapports de production bourgeois sont la dernière forme antagonique du procès social de la production[3]. » (Nous soulignons). La production est ici distinguée de la forme antagonique qu’elle revêt. Ceci ne veut pas dire qu’il y ait une production en soi, mais simplement que la production ne disparaît pas avec le changement d’une quelconque de ses figures spécifiques. Moins que de la fin de l’histoire, il s’agit plutôt du passage (discontinu) à une nouvelle forme de l’histoire, ne se développant plus par le déchirement de la contradiction. C’est la notion même de développement qu’il faut alors repenser. Quand on a reconnu le statut de la production, on ne saurait plus préjuger de l’histoire, la réduire spéculativement. La production est le lieu de réserve de toutes les possibilités humaines : avec elle, l’histoire ne fait que commencer. La destruction de la nature comme objet étranger à l’homme est liée à l’affirmation de l’histoire, car l’homme n’est lui-même que

  1. . Manuscrits de 1844, éd. citée, p. 99.
  2. . Idéologie allemande, éd. citée, p. 70.
  3. . Avant-propos, collection de la Pléiade, tome 1, p. 274.