Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/133

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Pyrr. hyp. 1 185 sq.] (c’est-à-dire que le sceptique veut une raison qui ne soit elle-même qu’apparence, et qui, de ce fait, n’est pas une raison) καὶ φαινομένην μὲν φαινομένης ἢ ἄδηλον ἀδήλου λαμβάνων εἰς ἄπειρον ἐκπεσεῖται[1] [Sext. Emp. Pyrr. hyp. I 186] (c’est-à-dire que parce que le sceptique ne veut pas sortir de l’apparence et ne veut pas l’affirmer comme telle, il ne sort pas de l’apparence, et ce mouvement peut être répété à l’infini. Épicure veut à vrai dire aller de l’atome à d’autres déterminations, mais, comme il refuse de laisser se défaire l’atome comme tel, il ne dépasse pas des déterminations atomistiques extérieures à elles-mêmes et arbitraires ; le sceptique, par contre, accepte toutes les déterminations, mais dans la déterminité de l’apparence ; son occupation est donc tout aussi arbitraire et renferme partout la même indigence. Sans doute il nage dans toute la richesse du monde, mais il reste toujours dans la même misère et il est lui-même l’impuissance incarnée qu’il voit dans les choses[2]. Épicure vide de prime abord le monde, mais il termine ainsi dans l’absence totale de détermination, le vide qui repose en soi, le dieu otiosus) ἱστάμενος δέ που, ἢ ὅσον ἐπὶ τοῖς εἰρημένοις λέξει τὴν αἰτίαν συνεστάναι, καὶ εἰσάγει τὸ πρός τι, ἀναιρῶν τὸ πρὸς τὴν φύσιν (c’est justement en ce qui concerne l’apparence, le phénomène, que le πρός τι, est le πρὸς τὴν φύσιν, ἢ ἐξ ὑποθέσεώς τι λαμβάνων ἐπισχεθήσεται[3]. [Sext. Emp. Pyrrh. hyp. I 186]. Si pour les philosophes antiques, les météores, le ciel visible sont le symbole et

  1. . Et sitôt qu’il (l’étiologue) admettra une raison de l’ordre du phénomène pour expliquer un phénomène, ou une raison invisible pour une chose invisible, il sera renvoyé à l’infini.
  2. . Cette critique du scepticisme contient en même temps celle de tout empirisme. Le scepticisme, comme l’empirisme, est le refus de sortir de la sphère du phénomène, le refus de la « systématicité des essences » dont parle Althusser. Mais dans ce texte hégélien, l’essence ou fondement est l’être-supprimé du phénomène, tandis que, pour le matérialisme dialectique développé, il y a indépendance relative des deux processus, et distorsion entre les deux temporalités.
  3. . Sitôt qu’il (l’étiologue) s’arrête quelque part, il devra dire, selon ce qui a été dit, si la raison a été instituée, et il dira à l’égard de quoi, supprimant l’en rapport à la nature, ou bien, s’il admet quelque chose par présupposition, nous l’arrêterons.