Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/135

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sensation, qui ne ressent pas cette différence, est sain, positif. Cette position, qui reçoit sa forme la plus haute dans le Dieu otiosus d’Épicure, existe d’elle-même dans la maladie qui persiste, dans la mesure où la maladie, quand elle dure, cesse d’être un état pour devenir en quelque sorte familière et particulière. Nous avons vu dans la philosophie de la nature d’Épicure qu’il aspire à cette absence de présupposition, à cette mise à l’écart de la différence, aussi bien en théorie qu’en pratique[1]. Le souverain bien d’Épicure est ὰταραξία (repos de l’âme), car l’esprit dont il s’agit est l’esprit empiriquement singulier. Plutarque ressasse des lieux communs, il raisonne comme un apprenti.


[Le concept de sage dans la philosophie grecque]


Nous pouvons parler par parenthèse de la détermination du σοφός (sage), parce qu’elle est régulièrement l’objet des philosophies épicurienne, stoïcienne et sceptique. De cet examen, il résultera que le sage trouve sa place la plus logique dans la philosophie atomistique d’Épicure et que c’est aussi de ce point de vue que le déclin de la philosophie antique se présente chez Épicure dans une objectivation plus totale.

Le sage, ο̉ σοφός, doit être conçu dans la philosophie antique d’après deux déterminations, mais qui ont toutes les deux une seule et même racine.

Ce qui apparaît théoriquement dans la considération de la matière apparaît pratiquement dans la détermination du σοφός. La philosophie grecque commence avec sept sages parmi lesquels se trouve le philosophe ionien Thalès, et elle se termine avec la tentative de faire le portrait conceptuel du sage. Le début et la fin sont définis par des sages,

  1. . Le sage fait abstraction de la différence. Il la gomme sans la supprimer effectivement. Il change son attitude à l’égard de la maladie et non la maladie elle-même, ses désirs et non l’ordre du monde. L’ataraxie est, à l’image de cette philosophie, un mot négatif : il désigne l’absence de trouble. (ταφαττεσθαι : être troublé.)