Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

curienne, sous le prétexte que celle-ci n’a jamais déliré à propos de la providence et autres choses du même acabit[1]. Mais la tendance générale que l’on avait de taxer Epicure de plagiat apparaît de la façon la plus frappante chez Sextus Empiricus, qui veut faire de quelques passages tout à fait inadéquats d’Homère et d’Epicharme, les sources principales de la philosophie épicurienne[2].

Les écrivains modernes dans leur ensemble, c’est bien connu, font eux aussi d’Epicure, en tant que philosophe de la nature, un simple plagiaire de Démocrite. La phrase de Leibniz qui suit peut représenter dans l’ensemble leur jugement : « Nous ne savons presque de ce grand homme (Démocrite) que ce qu’Epicure en a emprunté, qui n’était pas capable d’en prendre toujours le meilleur[3][4]. »

Si donc, selon Cicerón, Epicure gâte la doctrine de Démocrite, mais conserve au moins la volonté de l’améliorer, et le regard propre à en voir les défauts, si Plutarque le taxe d’inconséquence et d’un penchant prédéterminé pour le pire[5], allant jusqu’à suspecter ses intentions, Leibniz lui dénie même la capacité de faire seulement avec habileté des extraits de Démocrite.

Mais tous s’accordent sur ce point : Epicure a emprunté sa physique à Démocrite.


III. — Difficultés relatives à l’identité
de la philosophie de la nature
chez Démocrite et Epicure


Outre les témoignages historiques, de nombreux arguments plaident l’identité des physiques de Démocrite et d’Epicure. Les principes — atomes et vide — sont incontestablement

  1. . eb. I, 11, 50, 5 sq.
  2. . Sext. Emp. adv. math. i 273.
  3. . Leibniz, p. 536.
  4. . En français dans le texte.
  5. . Plut. 1111, 8.